Deconstructing Harry – Woody Allen (1997)

Deconstructing harryAh, définitivement l’un de mes préféré ! Enfin, parmi tant d’autres…

Harry (Woody Allen), c’est un écrivain. Il écrit des livres drôles, appréciés et achetés. Mais à quel prix ?

Pour écrire, Harry s’inspire (un peu ou beaucoup, ça dépend des points de vue) de sa vie. Jusque là, rien d’anormal ni de problématique allez vous me dire. Oui mais, ce faisant, il lui arrive de heurter son entourage, ou du moins ceux de qui certains personnages sont inspirés. Ainsi, il se met à dos au moins 2 de ses ex-femmes, une de ses ex-belles soeurs, sa propre soeur (enfin, demi-soeur, pour être précis)… 

Contrairement à ses livres, Harry n’est pas très drôle non plus, il boit beaucoup, prend trop de pilules « contre la dépression » et dépense pratiquement tout son argent en prostituées. Pour couronner le tout, il ne voit pas énormément son fils (son ex-femme enragée après lui n’est pas super conciliante pour les visites).

Pendant tout le film, Woody Allen va décortiquer le personnage de Harry et ses relations avec les principaux acteurs de sa vie, entrecoupant la vie réelle d’extraits de ses romans/nouvelles, qui nous offrent la possibilité d’entrevoir une version romancée du passé.

Ce film, c’est un bon Woody Allen. C’est pour ça que je l’aime bien. On y retrouve tout ce qui fait la grandeur du cinéaste new-yorkais, et ce qu’on y apprécie :

  • Des psys. Des psys qui ne servent pas à grand chose « Me revoilà, 3 femmes et 6 psys plus tard et toujours le même« . Psys qui sont là plus pour la tradition intellectuelle bobo de New-York que pour leur réelle utilité. Et oui, il est moqueur le Woody. Il se moque de tous ses potes qui vont chez le psy pour pouvoir raconter qu’ils y sont allés, que leurs séances les ont aidé à surmonter je ne sais quelle névrose… A commencer par lui même parce qu’il a consulté des psychanalystes pendant de nombreuses années.
  • La religion. Et plus particulièrement la religion juive. Un autre thème récurrent chez Allen, qui nous vaut ici quelques répliques désopilantes. On y retrouve les moqueries d’Allen envers son peuple et son profond dédain pour toute forme de religion. Harry a été élevé dans une famille juive (ce qui n’est pas surprenant venant d’Allen) et ne se prive pas de moquer ses parents dans ses livres, ni de critiquer la foi de sa soeur, ouvertement dans la vrai vie, plus discrètement dans ses livres (il s’inspire d’elle pour décrire sa femme qu’il en est venu à mépriser). Toutefois, transperce au travers du film la volonté de Woody de croire en un être supérieur, il ne peut se résoudre à l’absence de présence un tant soit peu divine.
  • Les femmes, le mariage. Un peu comme Woody Allen, Harry a connu de nombreuses femmes. Et au travers de Harry, on y voit la peur et la non croyance de Woody en le mariage éternel. On y retrouve cette persuasion qu’une relation s’essouffle au bout d’un moment. Sa peur des enfants y transparaît, après tout, c’est la naissance de son fils qui va être le déclencheur des évènements qui mèneront son second mariage à sa perte.

Enfin, mention particulière au montage, le style saccadé des nombreuses confessions de Harry donne un résultat plus qu’appréciable. Mention également à toute la scène qui se déroule aux Enfers qui est tout simplement désopilante, emmenée par le frénétique Sing Sing Sing de Benny Goodman.

Un classique du cinéma Allenien, qui reprend les thèmes chers au réalisateur. Une bonne introduction à sa filmographie pour les uns, la sensation de retrouver une vielle connaissance pour les autres.

T.

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