Snow Therapy – Ruben Östlund (2014)

Snow Therapy Contrairement à ce que laisse penser son titre, Snow Therapy est loin d’être une comédie teenagers d’Outre-Atlantique. Une petite famille suédoise huppée passe ses vacances hivernales aux Arcs. Au programme : une semaine de ski sur des pistes désertes (trop désertes ?), de loisirs dans un hôtel de luxe et de relaxation. Oui mais voilà, le deuxième jour de ski, alors qu’ils mangent sur la terrasse d’un restaurant d’altitude, une avalanche est déclenchée sur le flanc opposé de la montagne (avalanche « maîtrisée », comme le dira le père, Tomas – « il n’y a aucun risque les enfants »). On sort les Iphones, on prend des vidéos, puis, en quelques secondes, le monstre s’approche dangereusement de la terrasse, bien trop près, plus le temps de rire : la situation est critique. Dans la panique, certains crient, d’autres courent : Ebba protège son fils et sa fille, mais Tomas, lui, fuit lâchement, emportant avec lui ses gants et son smartphone, abandonnant femme et enfants. A partir de là, la mère se renferme, le père refuse d’affirmer sa lâcheté. Le couple se crispe, se déchire, sous les yeux des enfants toujours présents. La distance se créé, les cœurs se nouent et le dialogue est impossible. La semaine risque d’être longue…

Le réalisateur fait de ces deux heures un concentré de tension, d’émotion et d’humour. Il arrive à tout combiner sans en faire un melting-pot qui perde de son sens. Les plans intimistes et les situations cocasses s’enchaînent sans aucune fausse note. La scène de l’avalanche est tout simplement superbe, la crispation du spectateur est inévitable face à la catastrophe : l’image et la réaction des personnages sont d’un réalisme implacable et d’une beauté sans faille. La tension, à partir de cet événement, monte progressivement jusqu’à atteindre son paroxysme à la fin du film (que l’on ne vous dévoilera pas, évidemment !). Ebba, la mère, s’impose comme personnage principal : comme elle l’affirme elle-même, elle passe ses vacances dans un hôtel de luxe en France, mais n’est pas heureuse… Le jeu de l’actrice (Lisa Loven Kongsli), tout en sensibilité mais pas larmoyant, laisse toutefois une part belle au rôle du père (Johannes Kuhnke) parfois plein de remords, parfois plus aérien. Ce couple central est accompagné de personnages secondaires atypiques qui parachèvent le tout (une touriste nymphomane, un gardien bien curieux ou un ami barbu qui se fait thérapeute du couple !). Ces rôles permettent d’apporter une légèreté indispensable à l’histoire.

Car oui, ne vous y trompez pas, il y a énormément d’humour dans ce film suédois (si, si !). La scène d’ouverture avec le photographe touristique est irrésistible, et l’on retrouve cette atmosphère régulièrement tout au long du film. Il y a bien un vent de fraîcheur de temps en temps dans cette crise familiale.

Je finirais sommairement par ce qui m’a plu le plus dans ce film : des moments hors du temps, composés de magnifiques images de montagne sur l’Eté de Vivaldi. Puissant et tout simplement superbe.

Agrippée à mon fauteuil, j’ai suivi jour par jour cette semaine de ski sans jamais voir le temps passer. Les vacances approchant, je vous souhaite de ne jamais passer une semaine comme celle-ci !

En salle en ce moment, Prix du Jury « un certain regard », festival de Cannes 2014 qui plus est. Foncez !

L.

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